Serre de la madone : visite d’un jardin méditerranéen remarquable. 3° partie

III Un parcours ascendant à travers les restanques :

1) Un jardin exotique en terrasses.

Photo F Arnal 2019
La partie centrale du jardin et ses restanques.

Un terrain escarpé en terrasses

Situé sur un terrain escarpé en terrasses, le jardin de la Serre de la Madone possède différents édifices bâtis : la villa principale, la villa d’accueil, un ensemble de petits édifices à vocation de jardinage (serre froide ou serre chaude), des éléments de statuaire, des fontaines et bassins, ainsi que de nombreuses ornementations. Tous ces édifices bâtis trouvent leur valeur architecturale en tant qu’éléments de l’ensemble paysager du jardin : chaque élément, bâti ou naturel, a une place importante dans la composition d’ensemble du jardin. Dès sa conception, aucune séparation n’était prévue entre le bâti et le non-bâti : la maison fait partie du jardin, elle est le jardin aussi. Cela est particulièrement remarquable avec le jeu de perspective entre la maison principale et le grand escalier.

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la maison de l’accueil

La reconstitution du domaine et de ses particularités se veut fidèle à  l’esprit et à la forme qu’avait  imaginés notre « gentleman-gardener », avec notamment l’utilisation des matériaux régionaux d’origine (chaux, tuf, galets).

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Le jardin japonais qui aurait du disparaître sur les premières propositions de rénovation de 1992.

Le jardin japonais créé par le successeur de Lawrence Johnston ( Mr Bering) fut conservé et restructuré parce qu’il est le témoin de l’histoire de ce jardin. Le jardin mauresque dans la partie haute faisait partie à l’origine d’un ensemble avec volière qui fut emporté par une coulée de boue dans les années 50. La rocaille en tuf avait été ensevelie sous la boue et fut dégagée à la main par les jardiniers dans le cadre de la restauration. Pour Johnston ce jardin était à l’image du paradis terrestre (comme les jardins andalous d’ailleurs) avec un parcours initiatique de l’homme vers le paradis terrestre suivant sa course à travers le végétal. De nombreux espaces secrets se découvrent au cours de la visite qui se pratique avec sérendipité.

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Le grand bassin restauré dans lequel se reflète le ciel de Provence et le jardin alentour.

Les réseau hydraulique, clé de la réussite d’un jardin méditerranéen
Le jardin des serres de la Madone a jadis été créé sur des terres agricoles richement pourvues en eau. En effet, les témoignages des Anciens et une étude hydraulique
récente, confirme la présence d’au moins quatre sources situées en partie haute de la propriété. Ces sources captées, étaient récupérées dans 14 citernes, et 2 bassins de plantes aquatiques dont l’un avait été transformé en piscine.

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Fougère arborescente, Dicksonia antartica originaire de Nouvelle Zélande.

L’identité de ce jardin est dans son calme et sa tranquillité, rien ne doit perturber le visiteur.

Un jardin exotique qui préfigure le « jardin planétaire ».

Un tiers du site est occupé par une flore exotique ; les 2/3 restants constituant une forêt méditerranéenne entrecoupée de terrasses d’anciennes cultures traditionnelles locales d’Oliviers.

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La famille des Protéacées, ou Proteaceae en Latin, Ce sont des arbres et des arbustes, (quelques plantes herbacées), généralement des zones arides, à feuilles persistantes, des régions tempérées, sub-tropicales à tropicales, principalement dans l’hémisphère sud.

Une collection remarquable de protéacées originaires d’Afrique du Sud (Leucadendron Safari Sunset) ou d’Australie (Banksia prionotes) occupe la partie autour de l’escalier central. Cet escalier constitue l’axe central de la composition et distribue de nombreuses terrasses sur lesquelles sont plantées les protéacées.

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Serre de la Madone est un des rares jardins de la Méditerranée française (avec le Rayol ) à présenter une telle diversité de protéacées dont les fleurs peuvent constituer de larges corolles.

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Banksia integrifolia, Famille  : Proteacées, Origine  : Australie

Lawrence Johnston Laurence était passionné par la botanique et l’architecture de 1924 à 1939 il va acquérir 7 ha de terrasses agricoles et voisines sur la Sierra de la Madona (le nom de la colline). Le mot « serre » vient de « sierra »,  la montagne. Il entreprend la création de son paradis terrestre là où poussaient oliviers et agrumes : un jardin exotique à l’architecture paysagère unique entre parenthèses dans la juxtaposition des différents espaces clos appelés « chambres vertes »). Il ramena des plantes de ses voyages dans le  monde entier (Afrique du sud particulièrement).

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Dans le jardin aride : des couleurs vives au cour de l’hiver.

Il les disposa savamment afin de mettre en valeur les bassins les escaliers évoluent, les fontaines, les serres ou les différentes statues. La constitution du jardin Serre de la Madone s’est faite en plusieurs étapes entre 1924 et 1939. A l’instar de son précédent jardin de Hidcote (1907), Johnston achète des parcelles agrestes dont l’occupation et les aménagements témoignent de l’activité horticole de la région et plus précisément du Val de Gorbio dans lequel elles se situent.

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Yucca gigantea, ou Yucca géant, est une espèce de plantes arbustives de la famille des Asparagaceae, sous-famille des Agavoideae. Elle est caractérisée par son tronc en forme de patte d’éléphant.

Au XIXème siècle, à la faveur du microclimat mentonnais, des botanistes, notamment anglais, introduisirent des espèces tropicales et subtropicales et composèrent les harmonies végétales originales qui font aujourd’hui de Menton une serre à ciel ouvert.

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le début de l’escalier central

Les inventions de villes d’hiver

« Le phénomène –l’hiver dans le Midi- a été toujours localisé. Le décrire, c’est montrer des créations de lieux, des extensions de stations…mais aussi le caractère toujours élitiste de la clientèle, la tonalité britannique. Les préférences de lieux sont présentées comme objective ; la suprématie du climat, la possibilité d’une végétation plus exotique, la qualité thérapeutique du lieu sont invoquées. En 1850, il n’y avait pas d’hivernants à Menton ; en 1862, on compte trois cents familles d’hivernants et en 1869, plus de mille. Après 1870, tous les Guides vont répétant que Menton est le séjour d’hiver le plus parfait »

Colloque : Menton une exception azuréenne ou 150 ans d’histoire du tourisme (1861-2011). (Organisé le 20 mai 2011 par le CEHTAM. CEHTAM est une association créée en 2004 par des professeurs du Lycée hôtelier Paul Augier de Nice et des professionnels du tourisme pour faire un travail de mémoire et de valorisation à propos du riche passé touristique de la Côte d’Azur).

LA GRANDE SAISON D’HIVER DANS LE MIDI FIN XVIIIe- DEBUT XXe. MENTON, « LE SEJOUR LE PLUS PARFAIT ». Marc Boyer

« Un jardin sauvage dans un cadre formel » Lawrence Johnston.

Il n’a pas lésiné sur les moyens, une vingtaine de maçons ont travaillé durant plusieurs années pour aménager toutes les terrasses avec leurs murets de pierre.

  1. Les étapes de l’aménagement du jardin de Serre de la Madone :


Deux grandes étapes peuvent être distinguées :
– La première, à partir de 1924, comprend l’acquisition et l’aménagement des parcelles inférieures de la propriété actuelle, comprenant plusieurs petites maisons d’habitation. La topographie de ces terrasses ne sera globalement pas modifiée.
– La deuxième, à partir de 1930, consiste en l’acquisition de l’actuelle maison principale et des terrasses qui l’entourent.

Extrait de « Jardins de la Côte d’Azur » de Emest J.P. BOURSIER-MOUGENOT et
Michel RACINE. Edisud – Arpej Parution : 01/01/2000

Après la mort de Lawrence Johnston en 1958, à la Serre de la Madone, sa légataire, Nancy Lindsay mit à la disposition du jardin botanique de Cambridge, qu’avait fréquenté Lawrence Johnson pendant ses années universitaires, les plantes rares du domaine et dispersa les sculptures et les grandes poteries de l’orangerie.

Vers 1960, le troisième propriétaire du domaine Mr Bering, transforma l’un des
miroirs d’eau en piscine, Il ajouta un petit « jardin japonais »et une aire de
stationnement près de la maison. L’avant-dernier propriétaire, le Comte Jacques Wurstemberger, a maintenu le jardin jusqu’en 1986, date de la
dernière vente connue.

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Réutilisant les techniques locales dans un climat aux précipitations abondantes mais peu nombreuses, Johnston maîtrise l’économie de l’eau dont seul l’excès inutilisable est évacué hors du jardin. L’irrigation gravitaire est judicieusement conduite comme dans de nombreux jardins méditerranéens.

Les différents inventaires botaniques ont montré la richesse extraordinaire du jardin. Les traces actuelles sont extrêmement nombreuses et témoignent des potentialités remarquables du site. L’analyse des différents espaces a révélé l’importance de la végétation indigène préexistante, oliviers ou agrumes, volontairement conservée par Johnston dans certaines terrasses, et enrichies des nombreuses introductions postérieures à ses voyages.

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Le Yucca gigantea


La partie supérieure du jardin, située au-dessus des maisons, présente également de nombreuses traces d’aménagements : cheminements, bassins, plantations, systèmes de drainage des eaux, qui témoignent dans leur sobriété relative d’une volonté d’aménagement global du lieu par Johnston. Il semble que le jardin connaisse son « apogée » avant la seconde guerre mondiale. Peu de changements interviennent après le retour de Johnston.

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la serre froide

La Serre Froide et la bas du jardin (partie Sud Est): précédée par deux immenses palmiers (Whashingtonia robusta), la serre froide sert de toile de fond à ce jardin. Autrefois couverte par des vitres afin de conserver la chaleur naturelle du soleil, elle a servi d’acclimatation pour les plantes rapportées lors des expéditions botaniques.

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helleborus niger

La mise en scène se complète par un bassin rond, une fontaine et des piliers au pied desquelles sont palissés des bignones. En hiver à l’entrée de ce jardin le parfum superbe d’Osmanthus fragrans vous interpelle. Cette partie du jardin surprend le visiteur par son aspect sauvage à la végétation enchevêtrée. Quelques cycas et yuccas émergent au milieu des couvre sols variés (helleborus niger), Le sol est couvert par des Iris japonica en fleur au début du printemps puis par les hémérocalles au début de l’été.

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La pergola

La pergola principale : traversant le bas du jardin dans toute sa largeur cette promenade ombragé était planté dans les années 30 de clématites, de glycines et de bignones, grimpante qui sont revenus on est chacun de ses piliers en pierre surmontés de travées en bois.

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Le boulingrin

Le boulingrin (de l’anglais bowling green),  fait référence au terrain gazonné sur lequel le jeu de boules originaire d’Angleterre est pratiqué. Reflet des modes paysagère anglo-saxonne, cette partie du jardin était autre fois une roseraie bordée d’une elle est délimitée par des buis aux effets labyrinthiques. Aujourd’hui cette espace plat est rempli de Franckenia laevis qui fleurissent en été.

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Vue au dessus de la pergola

Au dessus du boulingrin, une  allée ombragé bordée de pivoines arbustives nous conduit vers un buste romain représentant Auguste César est une femme fontaine marquant chaque extrémité. Cette partie du jardin possède de magnifiques mimosas et le Mahonia siamensis acclimaté ici.

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Le jardin aride : La terrasse qui surplombe ce jardin de succulentes est ponctuée de piliers, vestiges d’une ancienne ombrière. Les yuccas  et les cycas  ponctuent les étapes de la visite de ce jardin sec.


La rampe d’accès :

Le long de cette rampe d’accès on découvre de magnifiques essences qui font l’originalité et la qualité de ce jardin : le chêne tropical de l’Himalaya dont la feuille n’a rien d’une feuille de chêne, les deux immenses Podocarpus aux fines feuilles en faucille et à l’ombre épaisse, les deux Washingtonia filifera, le grand Magnolia delavayi du Yunnan et enfin l’exceptionnelle Nolina du Mexique.

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Le long du chemin d’accès

Près de huit cents arbres sont recensés avec, parmi les plus remarquables, deux Washingtonia robusta qui annoncent la serre froide, un magnifique Magnolia delavayii dans le jardin de rocaille ou un figuier sycomore, Ficus sycomorus, arbre biblique qui est sans doute l’un des premiers arbres fruitiers domestiqués dans l’Egypte ancienne. Un inventaire botanique est entrepris, révélant l’extrême richesse de ce jardin abandonné au temps. Car Lawrence Johnston ne laissera jamais d’écrit ni de listes de plantes et ses sources botaniques resteront secrètes.

Le Centre de la Composition

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La serre chaude (ou orangerie) en arrière d’un ancien bassin de nage restauré à l’identique.

Le jardin aux platanes correspond au niveau inférieur des pièces d’eau principales. Composé d’un jardin à la française encadré de topiaires de buis, quatre platanes ponctuent les quatre carrés avec un petit bassin en rond central, les carrés de buis sont fleuris de tulipes ou de pervenches (vinca major et minor).

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La Serre chaude

La serre chaude : Au dessus des platanes à la perpendiculaire de la pente a été construite une serre chaude, ancienne orangerie. Elle abrite des plantes tropicales notamment des lianes de thumbergia grandiflora et coccinea ainsi que des strelitzias (Strelitzia reginae). Il y règne une ambiance feutrée.

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L’intérieur de la serre chaude

A l’ombre de trois immenses pins parasols deux pièces d’eau se déploient. L’une la plus grande jouxte la serre chaude et constitue un bassin de baignade dans les années 70. Il a retrouvé son aspect d’origine, bordé de murets arrondis et peuplé de nymphéas ou de jacinthes d’eau. Des vases d’Anduze en terre cuite encadrent le grand bassin.

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La statue de Vénus encadrée par les papyrus

Le petit bassin est dominé par la statue de Vénus. Pour certains auteurs (JC Ivan Yarmola, architecte des monuments historiques), il s’agirait de la statue de Flore (Déesse des fleurs, des jardins, du printemps et de la fécondité dans la mythologie, Flore (ou Flora) fut une divinité vénérée par les Romains. On organisait en son honneur de grands jeux floraux afin qu’elle offre au peuple de bonnes récoltes pour l’année) encadrée de papyrus. La présence de la coquille fait pencher l’interprétation vers Vénus (ce qui est mentionné dans le plan officiel actuel). Les photos anciennes témoignent de la présence de pergolas ou de teillages en bois en arrière plan.

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Le grand bassin et ses vases d’Anduze.

Dans le jardin d’eau, coiffant la statue de Vénus, les papyrus sont accompagnés de nymphéas exotiques et de jacinthes d’eau. Ailleurs, on découvre les fameux lotus, Nelumbo nucifera.

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Les deux principaux bassins

L’escalier central conduit le visiteur vers la villa. C’est l’axe central de la composition de Johnston, celui qui offre une perspective ascendante. Il permet au visiteur de poursuivre son ascension et de découvrir dans les terrasses latérales la collection de protéacées originaires d’Afrique australe.

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La maison ocre safran aux allures de villa italienne

La Villa : La maison ocre safran aux allures de villa italienne se détache sur un fond végétal foisonnant. La partie centrale de la demeure, à l’origine une ferme, existait à l’arrivée du major. Pour la rendre plus confortable, le major fait construire deux pavillons qui l’entourent et dont il dessine lui-même les plans. Ouverte sur le jardin, la maison se prolonge par des terrasses qui s’imposent comme la continuité des pièces de la villa.

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La cour du mandarinier

Ce petit « palazzo » rappelle les demeures italiennes par ses teintes ocre jaune. Les salles de la partie basse sont ouvertes au public et constituent un lieu d’exposition.. A l‘étage figurent les bureaux administratifs, la bibliothèque et la chambre d’origine de LJ.

La cour du mandarinier représente un niveau inférieur. Le mandarinier d’origine trop âgé a été remplacé et le sol est recouverte d’une calade de galets, typique des places de Provence ou de Ligurie.

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Le Jardin d’ Inspiration Mauresque


Le Jardin d’ Inspiration Mauresque

Le jardin hispano-mauresque rappelle les jardins de l’Alhambra à Grenade par son miroir d’eau d’où émergent quelques jets d’eau  discrets, avec la loggia décorée d’azulejos, le bassin et ses jets d’eau, le pigeonnier et les haies de myrte comme à Grenade ou à Séville. Ce lieu invite au dépaysement et à la rêverie. Situé au sommet du jardin c’est un lieu très calme qui récompense le visiteur après la montée des escaliers.

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Le bassin d’inspiration arabo-andalouse et ses haies de myrte.

Il est surmonté par le bois. C’est la partie supérieure, la plus sauvage, qui assure une transition avec la forêt environnante. Jadis une grande volière comportait des oiseaux de collection (ibis, perroquets, grues couronnées, faisans dorés). Une coulée de boue emporta cette volière et une partie du jardin supérieur que l’on reconstitua avec les travaux de rénovation dans les années 90.

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le bois jardiné dominant le jardin

Le bois jardiné n’était pas accessible, des sentiers montent jusqu’au sommet de la propriété.

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Le belvédère est recouvert d’une glycine

Le Belvédère : De forme arrondie, le belvédère est recouvert d’une glycine taillée rigoureusement  en Février. Il permet de découvrir en aval une vue du jardin et en face de lui la campagne environnante hélas maintenant gagnée par l’urbanisation.

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Le paysage alentour depuis la maison

Casa Rocca : le jardin de la Casa Rocca se découvre en cheminant derrière la maison jaune tapissée par  des Pyrostegia venusta  ou  Bignonia ignea orange… La liane aurore (Pyrostegia venusta), également parfois appelée liane de feu est une liane de la famille des Bignoniaceae originaire du Brésil, à floraison spectaculaire, cultivée dans les jardins des régions tropicales.

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 Le passage sous le porche de la villa permet d’accéder à des petits escaliers ombragés qui conduisent vers une troisième maison où logeaient les domestiques. Une collection de camélia en fleur en Février accompagne les mimosas

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Floraison du mimosa et du camélia en Février.

En redescendant on découvre à l’ombre les restes d’un jardin japonais avec une très belle lampe en pierre. Le bassin est entouré par des orchidées naturalisées et par des fougères variées, des fatsia japonica.

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Orchidée en pleine terre

Le jardin d’agrumes : l’orangeraie

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Les anciennes terrasses mises en évidence lors de la restauration sont plantées de jeunes pieds d’agrumes.

On rejoint enfin l’orangeraie en arrière de la serre chaude. Ces anciennes terrasses mises en évidence lors de la restauration sont visibles sur les anciennes photos aériennes (Johnston n’ayant pas laissé d’écrits, la restauration vise à respecter l’esprit de son œuvre en se fondant sur des témoignages et quelques photographies d’époque) proches d’une aire de retournement en cercle. Les pluies torrentielles avaient provoqué des grandes coulées de boue et enseveli le jardin mauresque, la terre fut déplacée et stockée en contrebas sur ces restanques.

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Des citronniers, orangers mélangés à des oliviers rappellent le passé agricole du lieu.

Globalement, ce jardin peut être qualifié de « libre jardin ». ici prédomine une impression de liberté que conforte encore l’absence d’itinéraire dominant.

Le visiteur muni d’un excellent petit prospectus avec plan suit son inspiration allant vers le haut puis redescendant vers son point de départ à travers les restanques et les escaliers. Les terrasses de culture, de hauteur et de largeur variables pour suivre les courbes de niveau, sont reliées les unes aux autres par des accès multiples, souvent sinueux, et participent à la transition avec la nature environnante. La végétation foisonne dans une ambiance de sous-bois. Le juste équilibre (comme les « justes jardins » de Gilles Clément ) a été trouvé en entretien nécessaire dans un jardin et liberté laissée à la nature et à l’équilibre naturel d’un climax recréé artificiellement.

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Un jardin paysage : toute la subtilité de ce type de jardin est dans l’apparent caractère « naturel » de cette composition.

Soucieux d’éviter les compositions végétales trop tape-à-l’œil, Johnston intègre ses nouvelles plantations à la végétation indigène préexistante d’oliviers, de cyprès et de pins parasol. Il proscrit même le palmier pour ne pas dénaturer le paysage méditerranéen qui entoure Serre de la Madone.

« Parmi les aspects les plus séduisants des paysages méditerranéens, les jardins demeurent des oasis de charme et de beauté. Des espaces secrets d’où seuls émergent, au dessus des blanches terrasses, des toits de tuiles ou d’ardoise, les rideaux sombres des cyprès et le lourd moutonnement des frondaisons . En gradins, réguliers ou paysagers, exotiques ou mauresques, les jardins des villes et les jardins des champs se succèdent et forment un univers pittoresque et varié que l’on redécouvre aujourd’hui dans le Midi de la France ». Audurier Cros Alix. Jardins méditerranéens.

Vue aérienne actuelle (Source / Google maps) : les menaces de l’urbanisation sont palpables.

« Dans le Midi méditerranéen français, le jardin fait depuis toujours partie du terroir agricole et des aires de villégiature. Sur tout le pourtour de la Méditerranée, il est associé aux lieux d’habitat permanent; mais pour combien de temps encore ? En effet, les parcs et jardins sont menacés par l’urbanisation et leur conservation pose de multiples problèmes. Dépendants des ressources en eau et de la qualité du sol, fruit du travail minutieux des hommes, les jardins demeurent l’expression profonde de leur imaginaire et de leur goût pour l’intimité et la belle nature ».

Audurier Cros Alix. Jardins méditerranéens.

Informations pratiques

Serre de la Madone
74, route de Gorbio – 06500 Menton – France
Tél. : 33 (0)4 93 57 73 90
Fax : 33 (0)4 93 28 55 42
Mail : patricia.beguin@ville-menton.fr


Ouvert toute l’année, sauf novembre, 25 décembre et 1 janvier
Tous les jours, sauf les lundis,

Photo F Arnal 2019

Visites guidées en français tous les jours d’ouverture à 15h00

Visites commentées en français :

  • Visites guidées par les guides-conférenciers : tous les mardis, mercredis et vendredis, à 15h
  • Visites guidées par les jardiniers : jeudis, samedis et dimanches, à 15h (sauf en novembre)
  • Durée : 1h30 ou un peu plus (ce qui était mon cas).
  • Visite libre tous les jours ouvrables

Bibliographie

Ouvrages généraux :

  • Pigeat jean Paul, Jardins de la Méditerranée Plume/ Flammarion 2002144 p. Relié.
  • Jones Louisa, Serre de la Madone. Menton (Français) Relié – 22 juillet 2002 Ed. Actes Sud Collection conservatoire du littoral.
  • Jones Louisa, Clément gilles : Gilles Clément : une écologie humaniste. ED. Aubanel 2006
  • Jones Louisa : Manifeste pour les jardins méditerranéens. ED. Actes Sud 2012
  • Montelatici Gilles, Brizzi Franck, Un jardin amoureux Serre de la Madone Menton Paru le 2 juin 2018 Guide (broché). Editions Du Campanile
  • Frida Bottin, Jean-Claude Bottin, Serre de la Madone, enfant du major Lawrence Johnston. Un jardin qui était oublié, p. 36-43, Nice-Historique, année 1995, no 38
  • Paul Arnould (Auteur) Gauthier David (Auteur) Yves-François Le Lay Michel Salmeron Le juste jardin (ENS de Lyon) 21 juin 2012 Essai ENS Editions
  • Monnier Yves, Serre de la Madone, un nouvel exotisme, Menton, 2010
  • Emest J.P. BOURSIER-MOUGENOT et Michel RACINE. Jardins de la Côte d’Azur » Edisud – Arpej  Parution : 01/01/2000
  • Roger Alain, Court traité du paysage. Poche – 20 avril 2017
Photo F Arnal 2019
Parterre d’acanthes molles (acantus mollis)

Articles scientifiques :

Sitographie :

le paysage face au jardin

Photos Arnal François Février 2019 sauf photos historiques et images aeriennes.

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