Serre de la madone : visite d’un jardin méditerranéen remarquable. 3° partie

III Un parcours ascendant à travers les restanques :

1) Un jardin exotique en terrasses.

Photo F Arnal 2019
La partie centrale du jardin et ses restanques.

Un terrain escarpé en terrasses

Situé sur un terrain escarpé en terrasses, le jardin de la Serre de la Madone possède différents édifices bâtis : la villa principale, la villa d’accueil, un ensemble de petits édifices à vocation de jardinage (serre froide ou serre chaude), des éléments de statuaire, des fontaines et bassins, ainsi que de nombreuses ornementations. Tous ces édifices bâtis trouvent leur valeur architecturale en tant qu’éléments de l’ensemble paysager du jardin : chaque élément, bâti ou naturel, a une place importante dans la composition d’ensemble du jardin. Dès sa conception, aucune séparation n’était prévue entre le bâti et le non-bâti : la maison fait partie du jardin, elle est le jardin aussi. Cela est particulièrement remarquable avec le jeu de perspective entre la maison principale et le grand escalier.

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la maison de l’accueil

La reconstitution du domaine et de ses particularités se veut fidèle à  l’esprit et à la forme qu’avait  imaginés notre « gentleman-gardener », avec notamment l’utilisation des matériaux régionaux d’origine (chaux, tuf, galets).

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Le jardin japonais qui aurait du disparaître sur les premières propositions de rénovation de 1992.

Le jardin japonais créé par le successeur de Lawrence Johnston ( Mr Bering) fut conservé et restructuré parce qu’il est le témoin de l’histoire de ce jardin. Le jardin mauresque dans la partie haute faisait partie à l’origine d’un ensemble avec volière qui fut emporté par une coulée de boue dans les années 50. La rocaille en tuf avait été ensevelie sous la boue et fut dégagée à la main par les jardiniers dans le cadre de la restauration. Pour Johnston ce jardin était à l’image du paradis terrestre (comme les jardins andalous d’ailleurs) avec un parcours initiatique de l’homme vers le paradis terrestre suivant sa course à travers le végétal. De nombreux espaces secrets se découvrent au cours de la visite qui se pratique avec sérendipité.

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Le grand bassin restauré dans lequel se reflète le ciel de Provence et le jardin alentour.

Les réseau hydraulique, clé de la réussite d’un jardin méditerranéen
Le jardin des serres de la Madone a jadis été créé sur des terres agricoles richement pourvues en eau. En effet, les témoignages des Anciens et une étude hydraulique
récente, confirme la présence d’au moins quatre sources situées en partie haute de la propriété. Ces sources captées, étaient récupérées dans 14 citernes, et 2 bassins de plantes aquatiques dont l’un avait été transformé en piscine.

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Fougère arborescente, Dicksonia antartica originaire de Nouvelle Zélande.

L’identité de ce jardin est dans son calme et sa tranquillité, rien ne doit perturber le visiteur.

Un jardin exotique qui préfigure le « jardin planétaire ».

Un tiers du site est occupé par une flore exotique ; les 2/3 restants constituant une forêt méditerranéenne entrecoupée de terrasses d’anciennes cultures traditionnelles locales d’Oliviers.

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La famille des Protéacées, ou Proteaceae en Latin, Ce sont des arbres et des arbustes, (quelques plantes herbacées), généralement des zones arides, à feuilles persistantes, des régions tempérées, sub-tropicales à tropicales, principalement dans l’hémisphère sud.

Une collection remarquable de protéacées originaires d’Afrique du Sud (Leucadendron Safari Sunset) ou d’Australie (Banksia prionotes) occupe la partie autour de l’escalier central. Cet escalier constitue l’axe central de la composition et distribue de nombreuses terrasses sur lesquelles sont plantées les protéacées.

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Serre de la Madone est un des rares jardins de la Méditerranée française (avec le Rayol ) à présenter une telle diversité de protéacées dont les fleurs peuvent constituer de larges corolles.

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Banksia integrifolia, Famille  : Proteacées, Origine  : Australie

Lawrence Johnston Laurence était passionné par la botanique et l’architecture de 1924 à 1939 il va acquérir 7 ha de terrasses agricoles et voisines sur la Sierra de la Madona (le nom de la colline). Le mot « serre » vient de « sierra »,  la montagne. Il entreprend la création de son paradis terrestre là où poussaient oliviers et agrumes : un jardin exotique à l’architecture paysagère unique entre parenthèses dans la juxtaposition des différents espaces clos appelés « chambres vertes »). Il ramena des plantes de ses voyages dans le  monde entier (Afrique du sud particulièrement).

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Dans le jardin aride : des couleurs vives au cour de l’hiver.

Il les disposa savamment afin de mettre en valeur les bassins les escaliers évoluent, les fontaines, les serres ou les différentes statues. La constitution du jardin Serre de la Madone s’est faite en plusieurs étapes entre 1924 et 1939. A l’instar de son précédent jardin de Hidcote (1907), Johnston achète des parcelles agrestes dont l’occupation et les aménagements témoignent de l’activité horticole de la région et plus précisément du Val de Gorbio dans lequel elles se situent.

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Yucca gigantea, ou Yucca géant, est une espèce de plantes arbustives de la famille des Asparagaceae, sous-famille des Agavoideae. Elle est caractérisée par son tronc en forme de patte d’éléphant.

Au XIXème siècle, à la faveur du microclimat mentonnais, des botanistes, notamment anglais, introduisirent des espèces tropicales et subtropicales et composèrent les harmonies végétales originales qui font aujourd’hui de Menton une serre à ciel ouvert.

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le début de l’escalier central

Les inventions de villes d’hiver

« Le phénomène –l’hiver dans le Midi- a été toujours localisé. Le décrire, c’est montrer des créations de lieux, des extensions de stations…mais aussi le caractère toujours élitiste de la clientèle, la tonalité britannique. Les préférences de lieux sont présentées comme objective ; la suprématie du climat, la possibilité d’une végétation plus exotique, la qualité thérapeutique du lieu sont invoquées. En 1850, il n’y avait pas d’hivernants à Menton ; en 1862, on compte trois cents familles d’hivernants et en 1869, plus de mille. Après 1870, tous les Guides vont répétant que Menton est le séjour d’hiver le plus parfait »

Colloque : Menton une exception azuréenne ou 150 ans d’histoire du tourisme (1861-2011). (Organisé le 20 mai 2011 par le CEHTAM. CEHTAM est une association créée en 2004 par des professeurs du Lycée hôtelier Paul Augier de Nice et des professionnels du tourisme pour faire un travail de mémoire et de valorisation à propos du riche passé touristique de la Côte d’Azur).

LA GRANDE SAISON D’HIVER DANS LE MIDI FIN XVIIIe- DEBUT XXe. MENTON, « LE SEJOUR LE PLUS PARFAIT ». Marc Boyer

« Un jardin sauvage dans un cadre formel » Lawrence Johnston.

Il n’a pas lésiné sur les moyens, une vingtaine de maçons ont travaillé durant plusieurs années pour aménager toutes les terrasses avec leurs murets de pierre.

  1. Les étapes de l’aménagement du jardin de Serre de la Madone :


Deux grandes étapes peuvent être distinguées :
– La première, à partir de 1924, comprend l’acquisition et l’aménagement des parcelles inférieures de la propriété actuelle, comprenant plusieurs petites maisons d’habitation. La topographie de ces terrasses ne sera globalement pas modifiée.
– La deuxième, à partir de 1930, consiste en l’acquisition de l’actuelle maison principale et des terrasses qui l’entourent.

Extrait de « Jardins de la Côte d’Azur » de Emest J.P. BOURSIER-MOUGENOT et
Michel RACINE. Edisud – Arpej Parution : 01/01/2000

Après la mort de Lawrence Johnston en 1958, à la Serre de la Madone, sa légataire, Nancy Lindsay mit à la disposition du jardin botanique de Cambridge, qu’avait fréquenté Lawrence Johnson pendant ses années universitaires, les plantes rares du domaine et dispersa les sculptures et les grandes poteries de l’orangerie.

Vers 1960, le troisième propriétaire du domaine Mr Bering, transforma l’un des
miroirs d’eau en piscine, Il ajouta un petit « jardin japonais »et une aire de
stationnement près de la maison. L’avant-dernier propriétaire, le Comte Jacques Wurstemberger, a maintenu le jardin jusqu’en 1986, date de la
dernière vente connue.

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Réutilisant les techniques locales dans un climat aux précipitations abondantes mais peu nombreuses, Johnston maîtrise l’économie de l’eau dont seul l’excès inutilisable est évacué hors du jardin. L’irrigation gravitaire est judicieusement conduite comme dans de nombreux jardins méditerranéens.

Les différents inventaires botaniques ont montré la richesse extraordinaire du jardin. Les traces actuelles sont extrêmement nombreuses et témoignent des potentialités remarquables du site. L’analyse des différents espaces a révélé l’importance de la végétation indigène préexistante, oliviers ou agrumes, volontairement conservée par Johnston dans certaines terrasses, et enrichies des nombreuses introductions postérieures à ses voyages.

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Le Yucca gigantea


La partie supérieure du jardin, située au-dessus des maisons, présente également de nombreuses traces d’aménagements : cheminements, bassins, plantations, systèmes de drainage des eaux, qui témoignent dans leur sobriété relative d’une volonté d’aménagement global du lieu par Johnston. Il semble que le jardin connaisse son « apogée » avant la seconde guerre mondiale. Peu de changements interviennent après le retour de Johnston.

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la serre froide

La Serre Froide et la bas du jardin (partie Sud Est): précédée par deux immenses palmiers (Whashingtonia robusta), la serre froide sert de toile de fond à ce jardin. Autrefois couverte par des vitres afin de conserver la chaleur naturelle du soleil, elle a servi d’acclimatation pour les plantes rapportées lors des expéditions botaniques.

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helleborus niger

La mise en scène se complète par un bassin rond, une fontaine et des piliers au pied desquelles sont palissés des bignones. En hiver à l’entrée de ce jardin le parfum superbe d’Osmanthus fragrans vous interpelle. Cette partie du jardin surprend le visiteur par son aspect sauvage à la végétation enchevêtrée. Quelques cycas et yuccas émergent au milieu des couvre sols variés (helleborus niger), Le sol est couvert par des Iris japonica en fleur au début du printemps puis par les hémérocalles au début de l’été.

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La pergola

La pergola principale : traversant le bas du jardin dans toute sa largeur cette promenade ombragé était planté dans les années 30 de clématites, de glycines et de bignones, grimpante qui sont revenus on est chacun de ses piliers en pierre surmontés de travées en bois.

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Le boulingrin

Le boulingrin (de l’anglais bowling green),  fait référence au terrain gazonné sur lequel le jeu de boules originaire d’Angleterre est pratiqué. Reflet des modes paysagère anglo-saxonne, cette partie du jardin était autre fois une roseraie bordée d’une elle est délimitée par des buis aux effets labyrinthiques. Aujourd’hui cette espace plat est rempli de Franckenia laevis qui fleurissent en été.

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Vue au dessus de la pergola

Au dessus du boulingrin, une  allée ombragé bordée de pivoines arbustives nous conduit vers un buste romain représentant Auguste César est une femme fontaine marquant chaque extrémité. Cette partie du jardin possède de magnifiques mimosas et le Mahonia siamensis acclimaté ici.

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Le jardin aride : La terrasse qui surplombe ce jardin de succulentes est ponctuée de piliers, vestiges d’une ancienne ombrière. Les yuccas  et les cycas  ponctuent les étapes de la visite de ce jardin sec.


La rampe d’accès :

Le long de cette rampe d’accès on découvre de magnifiques essences qui font l’originalité et la qualité de ce jardin : le chêne tropical de l’Himalaya dont la feuille n’a rien d’une feuille de chêne, les deux immenses Podocarpus aux fines feuilles en faucille et à l’ombre épaisse, les deux Washingtonia filifera, le grand Magnolia delavayi du Yunnan et enfin l’exceptionnelle Nolina du Mexique.

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Le long du chemin d’accès

Près de huit cents arbres sont recensés avec, parmi les plus remarquables, deux Washingtonia robusta qui annoncent la serre froide, un magnifique Magnolia delavayii dans le jardin de rocaille ou un figuier sycomore, Ficus sycomorus, arbre biblique qui est sans doute l’un des premiers arbres fruitiers domestiqués dans l’Egypte ancienne. Un inventaire botanique est entrepris, révélant l’extrême richesse de ce jardin abandonné au temps. Car Lawrence Johnston ne laissera jamais d’écrit ni de listes de plantes et ses sources botaniques resteront secrètes.

Le Centre de la Composition

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La serre chaude (ou orangerie) en arrière d’un ancien bassin de nage restauré à l’identique.

Le jardin aux platanes correspond au niveau inférieur des pièces d’eau principales. Composé d’un jardin à la française encadré de topiaires de buis, quatre platanes ponctuent les quatre carrés avec un petit bassin en rond central, les carrés de buis sont fleuris de tulipes ou de pervenches (vinca major et minor).

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La Serre chaude

La serre chaude : Au dessus des platanes à la perpendiculaire de la pente a été construite une serre chaude, ancienne orangerie. Elle abrite des plantes tropicales notamment des lianes de thumbergia grandiflora et coccinea ainsi que des strelitzias (Strelitzia reginae). Il y règne une ambiance feutrée.

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L’intérieur de la serre chaude

A l’ombre de trois immenses pins parasols deux pièces d’eau se déploient. L’une la plus grande jouxte la serre chaude et constitue un bassin de baignade dans les années 70. Il a retrouvé son aspect d’origine, bordé de murets arrondis et peuplé de nymphéas ou de jacinthes d’eau. Des vases d’Anduze en terre cuite encadrent le grand bassin.

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La statue de Vénus encadrée par les papyrus

Le petit bassin est dominé par la statue de Vénus. Pour certains auteurs (JC Ivan Yarmola, architecte des monuments historiques), il s’agirait de la statue de Flore (Déesse des fleurs, des jardins, du printemps et de la fécondité dans la mythologie, Flore (ou Flora) fut une divinité vénérée par les Romains. On organisait en son honneur de grands jeux floraux afin qu’elle offre au peuple de bonnes récoltes pour l’année) encadrée de papyrus. La présence de la coquille fait pencher l’interprétation vers Vénus (ce qui est mentionné dans le plan officiel actuel). Les photos anciennes témoignent de la présence de pergolas ou de teillages en bois en arrière plan.

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Le grand bassin et ses vases d’Anduze.

Dans le jardin d’eau, coiffant la statue de Vénus, les papyrus sont accompagnés de nymphéas exotiques et de jacinthes d’eau. Ailleurs, on découvre les fameux lotus, Nelumbo nucifera.

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Les deux principaux bassins

L’escalier central conduit le visiteur vers la villa. C’est l’axe central de la composition de Johnston, celui qui offre une perspective ascendante. Il permet au visiteur de poursuivre son ascension et de découvrir dans les terrasses latérales la collection de protéacées originaires d’Afrique australe.

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La maison ocre safran aux allures de villa italienne

La Villa : La maison ocre safran aux allures de villa italienne se détache sur un fond végétal foisonnant. La partie centrale de la demeure, à l’origine une ferme, existait à l’arrivée du major. Pour la rendre plus confortable, le major fait construire deux pavillons qui l’entourent et dont il dessine lui-même les plans. Ouverte sur le jardin, la maison se prolonge par des terrasses qui s’imposent comme la continuité des pièces de la villa.

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La cour du mandarinier

Ce petit « palazzo » rappelle les demeures italiennes par ses teintes ocre jaune. Les salles de la partie basse sont ouvertes au public et constituent un lieu d’exposition.. A l‘étage figurent les bureaux administratifs, la bibliothèque et la chambre d’origine de LJ.

La cour du mandarinier représente un niveau inférieur. Le mandarinier d’origine trop âgé a été remplacé et le sol est recouverte d’une calade de galets, typique des places de Provence ou de Ligurie.

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Le Jardin d’ Inspiration Mauresque


Le Jardin d’ Inspiration Mauresque

Le jardin hispano-mauresque rappelle les jardins de l’Alhambra à Grenade par son miroir d’eau d’où émergent quelques jets d’eau  discrets, avec la loggia décorée d’azulejos, le bassin et ses jets d’eau, le pigeonnier et les haies de myrte comme à Grenade ou à Séville. Ce lieu invite au dépaysement et à la rêverie. Situé au sommet du jardin c’est un lieu très calme qui récompense le visiteur après la montée des escaliers.

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Le bassin d’inspiration arabo-andalouse et ses haies de myrte.

Il est surmonté par le bois. C’est la partie supérieure, la plus sauvage, qui assure une transition avec la forêt environnante. Jadis une grande volière comportait des oiseaux de collection (ibis, perroquets, grues couronnées, faisans dorés). Une coulée de boue emporta cette volière et une partie du jardin supérieur que l’on reconstitua avec les travaux de rénovation dans les années 90.

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le bois jardiné dominant le jardin

Le bois jardiné n’était pas accessible, des sentiers montent jusqu’au sommet de la propriété.

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Le belvédère est recouvert d’une glycine

Le Belvédère : De forme arrondie, le belvédère est recouvert d’une glycine taillée rigoureusement  en Février. Il permet de découvrir en aval une vue du jardin et en face de lui la campagne environnante hélas maintenant gagnée par l’urbanisation.

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Le paysage alentour depuis la maison

Casa Rocca : le jardin de la Casa Rocca se découvre en cheminant derrière la maison jaune tapissée par  des Pyrostegia venusta  ou  Bignonia ignea orange… La liane aurore (Pyrostegia venusta), également parfois appelée liane de feu est une liane de la famille des Bignoniaceae originaire du Brésil, à floraison spectaculaire, cultivée dans les jardins des régions tropicales.

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 Le passage sous le porche de la villa permet d’accéder à des petits escaliers ombragés qui conduisent vers une troisième maison où logeaient les domestiques. Une collection de camélia en fleur en Février accompagne les mimosas

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Floraison du mimosa et du camélia en Février.

En redescendant on découvre à l’ombre les restes d’un jardin japonais avec une très belle lampe en pierre. Le bassin est entouré par des orchidées naturalisées et par des fougères variées, des fatsia japonica.

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Orchidée en pleine terre

Le jardin d’agrumes : l’orangeraie

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Les anciennes terrasses mises en évidence lors de la restauration sont plantées de jeunes pieds d’agrumes.

On rejoint enfin l’orangeraie en arrière de la serre chaude. Ces anciennes terrasses mises en évidence lors de la restauration sont visibles sur les anciennes photos aériennes (Johnston n’ayant pas laissé d’écrits, la restauration vise à respecter l’esprit de son œuvre en se fondant sur des témoignages et quelques photographies d’époque) proches d’une aire de retournement en cercle. Les pluies torrentielles avaient provoqué des grandes coulées de boue et enseveli le jardin mauresque, la terre fut déplacée et stockée en contrebas sur ces restanques.

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Des citronniers, orangers mélangés à des oliviers rappellent le passé agricole du lieu.

Globalement, ce jardin peut être qualifié de « libre jardin ». ici prédomine une impression de liberté que conforte encore l’absence d’itinéraire dominant.

Le visiteur muni d’un excellent petit prospectus avec plan suit son inspiration allant vers le haut puis redescendant vers son point de départ à travers les restanques et les escaliers. Les terrasses de culture, de hauteur et de largeur variables pour suivre les courbes de niveau, sont reliées les unes aux autres par des accès multiples, souvent sinueux, et participent à la transition avec la nature environnante. La végétation foisonne dans une ambiance de sous-bois. Le juste équilibre (comme les « justes jardins » de Gilles Clément ) a été trouvé en entretien nécessaire dans un jardin et liberté laissée à la nature et à l’équilibre naturel d’un climax recréé artificiellement.

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Un jardin paysage : toute la subtilité de ce type de jardin est dans l’apparent caractère « naturel » de cette composition.

Soucieux d’éviter les compositions végétales trop tape-à-l’œil, Johnston intègre ses nouvelles plantations à la végétation indigène préexistante d’oliviers, de cyprès et de pins parasol. Il proscrit même le palmier pour ne pas dénaturer le paysage méditerranéen qui entoure Serre de la Madone.

« Parmi les aspects les plus séduisants des paysages méditerranéens, les jardins demeurent des oasis de charme et de beauté. Des espaces secrets d’où seuls émergent, au dessus des blanches terrasses, des toits de tuiles ou d’ardoise, les rideaux sombres des cyprès et le lourd moutonnement des frondaisons . En gradins, réguliers ou paysagers, exotiques ou mauresques, les jardins des villes et les jardins des champs se succèdent et forment un univers pittoresque et varié que l’on redécouvre aujourd’hui dans le Midi de la France ». Audurier Cros Alix. Jardins méditerranéens.

Vue aérienne actuelle (Source / Google maps) : les menaces de l’urbanisation sont palpables.

« Dans le Midi méditerranéen français, le jardin fait depuis toujours partie du terroir agricole et des aires de villégiature. Sur tout le pourtour de la Méditerranée, il est associé aux lieux d’habitat permanent; mais pour combien de temps encore ? En effet, les parcs et jardins sont menacés par l’urbanisation et leur conservation pose de multiples problèmes. Dépendants des ressources en eau et de la qualité du sol, fruit du travail minutieux des hommes, les jardins demeurent l’expression profonde de leur imaginaire et de leur goût pour l’intimité et la belle nature ».

Audurier Cros Alix. Jardins méditerranéens.

Informations pratiques

Serre de la Madone
74, route de Gorbio – 06500 Menton – France
Tél. : 33 (0)4 93 57 73 90
Fax : 33 (0)4 93 28 55 42
Mail : patricia.beguin@ville-menton.fr


Ouvert toute l’année, sauf novembre, 25 décembre et 1 janvier
Tous les jours, sauf les lundis,

Photo F Arnal 2019

Visites guidées en français tous les jours d’ouverture à 15h00

Visites commentées en français :

  • Visites guidées par les guides-conférenciers : tous les mardis, mercredis et vendredis, à 15h
  • Visites guidées par les jardiniers : jeudis, samedis et dimanches, à 15h (sauf en novembre)
  • Durée : 1h30 ou un peu plus (ce qui était mon cas).
  • Visite libre tous les jours ouvrables

Bibliographie

Ouvrages généraux :

  • Pigeat jean Paul, Jardins de la Méditerranée Plume/ Flammarion 2002144 p. Relié.
  • Jones Louisa, Serre de la Madone. Menton (Français) Relié – 22 juillet 2002 Ed. Actes Sud Collection conservatoire du littoral.
  • Jones Louisa, Clément gilles : Gilles Clément : une écologie humaniste. ED. Aubanel 2006
  • Jones Louisa : Manifeste pour les jardins méditerranéens. ED. Actes Sud 2012
  • Montelatici Gilles, Brizzi Franck, Un jardin amoureux Serre de la Madone Menton Paru le 2 juin 2018 Guide (broché). Editions Du Campanile
  • Frida Bottin, Jean-Claude Bottin, Serre de la Madone, enfant du major Lawrence Johnston. Un jardin qui était oublié, p. 36-43, Nice-Historique, année 1995, no 38
  • Paul Arnould (Auteur) Gauthier David (Auteur) Yves-François Le Lay Michel Salmeron Le juste jardin (ENS de Lyon) 21 juin 2012 Essai ENS Editions
  • Monnier Yves, Serre de la Madone, un nouvel exotisme, Menton, 2010
  • Emest J.P. BOURSIER-MOUGENOT et Michel RACINE. Jardins de la Côte d’Azur » Edisud – Arpej  Parution : 01/01/2000
  • Roger Alain, Court traité du paysage. Poche – 20 avril 2017
Photo F Arnal 2019
Parterre d’acanthes molles (acantus mollis)

Articles scientifiques :

Sitographie :

le paysage face au jardin

Photos Arnal François Février 2019 sauf photos historiques et images aeriennes.

Serre de la madone : visite d’un jardin méditerranéen remarquable. 2° partie

II. Lawrence JOHNSTON un citoyen britannique, passionné de jardins et de botanique.

Ce jardin situé en limite de la commune de Menton a été créé par son propriétaire Lawrence JOHNSTON à partir de 1924.

Photo F Arnal 2019
La vue de l’escalier central
  1. Lawrence JOHNSTON, un britannique passionné de jardinage.

Lawrence JOHNSTON est né à Paris en 1871 de parents américains fortunés.. Il vit aux Etats Unis entre 1880 et 1887 date à laquelle il s’installe en Angleterre. Il fera des études en histoire de l’art au Trinity College de Cambridge. Apprenti fermier dans le Northumberland il est naturalisé britannique en 1900. Il part ensuite en Afrique du sud lors de la guerre des Boers dans le régiment impérial et en revient avec le grade de lieutenant des hussards. En rentrant d’Afrique du sud en 1904 il rejoint la Royal Horticultural Society. Sa mère (Mrs Winthrop remariée), acquière une ancienne ferme dans les Costswolds en Angleterre qui deviendra Hidcote Manor. Il participe à la  première guerre mondiale puis prend sa retraite en 1922 pour se consacrer au jardinage.

Le jardin en 1935 (source DRAC PACA) Le parterre des platanes.

C’est en 1924 qu’il acquière les terres de Serre de la Madone.

Après le décès de sa mère en 1926, il effectue plusieurs voyages et expéditions botaniques en Afrique du Sud (1927/28), Afrique de l’Est (1929), Pyrénées, Alpes ou Inde 1931).

Le bassin de Vénus en 1935 (Source DRAC, PACA)

Passionné par le jardinage, Lawrence Johnston s’inspire de l’américaine Gertrude Jekyll et de Thomas H Mawson.

Photo F Arnal 2019

 Gertrude Jekyll (1843/1932) a été l’une des grandes jardinières de son temps et son influence sur l’art du jardinage reste importante. Pionnière dans l’art des jardins elle le définit comme un lieu d’expérimentation artistique.

 « The art and craft of garden making » (« L’art et l’artisanat du jardinage »), 1912 l’inspira. Ce livre a été écrit par Thomas Hayton Mawson (1861 – 1933), c’était un architecte paysagiste et urbaniste britannique. Ce volume constitue le guide définitif du jardinage et contient des informations et des conseils sur une vaste gamme de sujets.

Photo F Arnal 2019
Le parterre des platanes aujourd’hui

Le contenu comprend : « La pratique de la conception des jardins, le choix d’un site et son traitement, les entrées et les aires de transport, les portes et les clôtures pour le jardin et le parc, les routes, les avenues et les chemins de service, les terrasses et les jardins en terrasses, les jardins de fleurs, les lits et les frontières »… Thomas Hayton Mawson

Les jardins de Johnston ont la particularité de regrouper de nombreuses variétés de plantes, (exotiques principalement à Menton) qu’il a ramené de ses voyages. Ils sont composés de «chambres vertes » , tel un assemblage de petits jardins contrastés et de chemins et bassins qui se mêlent aux végétaux.

2) Les « chambres vertes » de Johnston.

Photo F Arnal 2019
Un exotisme maîtrisé

Les « chambres vertes » de Johnston constituent autant de micro climats imbriqués, différenciés par l’exposition, l’ombrage, l’aménagement des terrasses ou des bassins, la réverbération des murs de pierre sèche et claire.

Quand arrive l’été, la sécheresse s’installe sur la colline. Afin de pouvoir arroser des plantes, Johnston a aménagé un réseau de bassins et de citernes pour garder les eaux des pluies et des ruissellements. Ce travail de génie civil passe inaperçu sous la végétation.

Le jardin en 1961 (Source IGN Remonter le Temps)

 Johnston crée à Serre de la Madone un jardin complexe et rarement symétrique. Il s’adapte au terrain et ne le force pas.

Un jardin et un paysage :

Photo F Arnal 2019
le haut du jardin en contact avec la forêt

Ses jardins évolutifs offrent à la vue différents aspects et couleurs selon les saisons et les perspectives ou les heures de la journée. On peut appréhender Serre de la Madone comme un jardin mais aussi comme un paysage. Il se situe ainsi dans la tradition du jardin anglais issu du XVII° siècle, époque à laquelle poètes et philosophes anglais réexaminent leur rapport entre l’art et l’imitation de la nature. L’esthétique est un retour à la nature sauvage et poétique. Les chemins redeviennent sinueux en opposition à la linéarité et à la symétrie du jardin à la française. On veut donner à la nature l’impression qu’elle s’est libérée de la main de l’homme et qu’elle se développe elle même dans le cadre que le paysagiste et le jardinier lui ont attribué.

Il cède Hidcote Manor au national Trust britannique en 1948 et s’installe définitivement à Serre de la Madone mais il est atteint de la maladie d’Alzheimer. Il meurt dans son jardin de Menton le 27 Avril 1958.

Extrait du plan de la brochure officielle

Un jardin méditerranéen remarquable sauvé grâce au conservatoire du Littoral :  

Un jardin qui se découvre :

Quand on arrive à Serre de la madone par la route depuis Menton en contrebas de la propriété on ne devine pas que les frondaisons cachent un jardin remarquable. Une petite aire de stationnement permet d’accéder sur le bas du jardin.

Photo F Arnal 2019
Les premiers pas dans la jungle maîtrisée

Les terrasses structurent le terrain comme les chambres vertes du jardin anglais d’ Hidcote Manor, mais la géométrie rigoureuse et droite  du jardin britannique laisse ici la place  à des lignes souples ondulées inspirées des restanques méditerranéennes.

Ces dernières ne sont pas toujours parallèles, elles varient en hauteur  ou en largeur tout en épousant les courbes du terrain. Elles forment ainsi une transition entre l’architecture des bâtiments et des plans d’eau et la nature sauvage encore visible dans la partie haute.

Photo F Arnal 2019
Fleurs rouge d’aloès

Un jardin créé sur d’anciennes terres agricoles :

L. Johnston, déjà créateur d’un jardin en Angleterre, Hidcote Manor (un des jardins les plus visités d’Angleterre), aménage progressivement sur d’anciens terrains horticoles un jardin personnel rassemblant une collection de végétaux remarquables et d’essences exotiques que le climat d’abri de Menton lui permettait d’acclimater.

Photo F Arnal 2019

Des carnets de voyage de L Johnston furent retrouvés, ils permirent d’identifier des listes de végétaux relevés lors des différents voyages. Il mêle savamment les topiaires stricts et les parties sauvages sorte de jungle organisée. 6 jardiniers se chargent de l’entretien des 4000 variétés de végétaux issus de différents biomes compatibles avec le climat méditerranéen d’abri rencontré sur ce coteau en adret. Le jardin accueille actuellement environ 15000 visiteurs par an. En Février il n’y a pas grand monde et c’est la bonne période pour contempler (ou déguster) les agrumes.

Photo F Arnal 2019
Clémentinier dans les jardin d’agrumes.

3 ) la restauration d’un jardin menacé :

Le Conservatoire du Littoral avait demandé en 1999 un projet de restauration à Gilles Clément.

Gilles Clément a travaillé avec le paysagiste Philippe Deliau de l’agence Alep Atelier lieux et paysages un plan de réhabilitation du site maintenant en fin d’exécution. Gilles Clément  avait alors donné quelques pistes. Le jardin devait conserver les données de toute son histoire, garder une part de nature et une part de travail du jardinier conforme à ses principes appliqués au Rayol (« Faire le plus possible avec la nature et le moins possible contre »).

Photo F Arnal 2019
Une certaine parenté avec le jardin du Rayol

Gilles Clément participe avec Philippe Deliau à la restauration du jardin. Ses commentaires commencent  sur un ton positif : «Art, jardin, paysage : qui s’opposerait à l’usage apaisant de mots heureux ? En principe leur combinaison ne pose pas de question. Chacun des termes contient les autres. On parle d’art des jardins, le paysage fait art, subi l’assaut de nos regards vacanciers les classificateurs : certains disent  « artialisé » (Alain Roger) .

Photo F Arnal 2019
Les Fatsia Japonica dans la partie basse et ombragée.

Gilles Clément dit à propos de Serre de la Madone : « non seulement le projet vient d’un signataire unique –d’emblée le risque de collection dispersée se trouve évité– mais aussi il s’organise à partir d’un regard sur le site où l’on mesure ensemble deux dimensions inhabituelles dans le monde de l’art souvent centré sur l’objet : la mesure de l’espace, la valorisation du vivant ».

La maîtrise de l’eau :

Les deux paysagistes suggérèrent de remettre en état les prises d’eau en amont du jardin dans la partie boisée et sauvage. Ces captages datant de Johnston renvoient l’eau dans une réserve d’eau enterrée. Elle n’était plus exploitée et l’on utilisait l’eau de la ville pour les arrosages.  

Photo F Arnal 2019
Le bassin du jardin de la serre froide

Un mécénat avec Véolia fut mis en place en 2005. L’AJSM a sollicité l’aide de la Fondation Veolia Environnement pour la remise en état de l’ancien système hydraulique et du système d’arrosage. Une subvention de 65 000 € a été octroyée pour la rénovation de l’installation qui canalise l’eau de source et pour la récupération de l’eau de pluie, afin de rétablir l’alimentation en eau indépendante du jardin. Parallèlement, Olivier Gendre, porteur du projet, et d’autres collaborateurs de l’agence Riviera de la Générale des Eaux ont apporté leur expertise à l’association à titre bénévole.

L’idée n’était pas de restaurer ce jardin avec fidélité mais avec respect.

Photo F Arnal 2019

Les terrasses ont été remises en état par le jardinier Benoit Bourdeau, ancien conservateur de  Serre, responsable du site de 1998 à 2004 après un passage par le Jardin du Rayol (1996/1998). il a aujourd’hui quitté serre de la Madone pour devenir indépendant et créateur de jardins.

En 2000, un Jumelage avec l’Hidcote, propriété du National Trust (équivalent du Conservatoire du littoral) depuis 1948, est effectué. C’est une 1ère européenne entre 2 jardins !

Le juste équilibre :

Photo F Arnal 2019
Les cycas débordent sur le chemin à travers les restanques, ils ont été conservés.

Le jardinier (Stéphane Constantin) de Serre de la Madone doit trouver le juste équilibre entre un jardin entretenu pour accueillir le visiteur et assurer la survie des multiples plantes et laisser libre la nature méditerranéenne.

A suivre pour la 3° et dernière partie…

Photo F Arnal 2019

Ahah…

Gilles Clément à St-Etienne pour nous parler des arbres et de la nature dans la ville.

Gilles Clément, jardinier et paysagiste a rencontré une nouvelle fois les stéphanois à l’occasion du Festival « Tatoujuste » le samedi 28 Novembre 2015.

Après avoir rappelé le projet des arbres décorés dans St-Etienne, le paysagiste s’est interrogé sur la nature et la présence de l’arbre dans un contexte urbain.

 

Entre le jardin de l'administration (à gauche) et le jardin de la recherche ( à droite) en allant vers le restaurant. Le Jardin de l’ENS de Lyon. Entre le jardin de l’administration (à gauche) et le jardin de la recherche ( à droite) en allant vers le restaurant. (photo F Arnal)

L’arbre sait il qu’il est en ville ?

 

Tel était le thème de son intervention qui à priori peut surprendre mais qui nous interroge sur la place du végétal et notre relation à la nature ou encore à l’étrangeté du végétal et à ses fantaisies.

Gilles Clément ST E 2015 arbres01

Comme d’habitude , Gilles Clément arrive avec son diaporama, sa conférence se décline au fil des images, témoignages de sa réflexion et de ses déambulations. Fort de ses photos rapportées de ses multiples voyages et de ses nombreuses études de cas, il nous livre les secrets  de ses interventions en France ou à l’étranger. Aujourd’hui il nous parle d’arbre et de génie naturel.

Gilles Clément ST E 2015 arbres03 Nantes, photo Gilles Clément

 

L’arbre en ville revêt différentes formes, taillé rigoureusement en topiaire comme dans cette haie haute de Nantes dominant un délaissé, une carrière dans laquelle l’arbre vit en toute liberté, en toute spontanéité, respectant les règles de la nature, du mouvement, premier principe du jardin selon Gilles Clément, professeur au Collège de France.

Gilles Clément, né le 6 octobre 1943 à Argenton-sur-Creuse (Indre), est un jardinier, paysagiste, botaniste, entomologue, écologue et écrivain français. Il a obtenu le Grand Prix du paysage en 1998. Il est l’auteur de nombreux jardins des plus connus comme celui du Parc A Citroën ou du quai Branly à Paris,  aux plus confidentiels comme celui de l’ENS à Lyon.

Quelle voie choisir pour l'avenir de ce jardin ? la voie juste semble la plus raisonnable. Le Jardin de l’ENS de Lyon Photo F Arnal

 

Il aménage des jardins privés au début de sa carrière de paysagiste mais surtout obtient des commandes publiques par des concours sur lesquels il va pourvoir mettre en place ses grands principes (un jardin naturel, un jardin en mouvement, un brassage planétaire, un juste jardin, un tiers paysage…).

 

photo Gilles Clément photo Gilles Clément

L’arbre ne demande pas à être taillé, c’est l’homme qui le taille pour des raisons esthétiques ou techniques, mais laissé à lui même l’arbre nous surprend par ses qualités d’adaptation aux contraintes de l’espace urbain. Taillé parfois de façon traumatisante, le platane se relève de ses misères et parfois englobe même les excroissances que l’on veut bien lui imposer.

Gilles Clément ST E 2015 arbres10 Jardins de l’Arche, Paris la Défense, photo Gilles Clément

Peut-on accepter en ville un arbre naturel ? quelle place laisser à l’indécis à l’imprévu, au délaissé ?

Ferveur défenseur de la friche et théoricien du Tiers Paysage , Gilles Clément soutient que le délaissé ne doit pas être négligé, refuge de la biodiversité, le tiers paysage nous incite à regarder le végétal sous un autre angle de vue. A l’impression d’abandon, le délaissé doit laisser place à l’idée de foisonnement, de la vie et du génie végétal qui s’en arrêt invente et nous étonne. Il est difficile de faire comprendre que la meilleure chose pour lutter contre la pollution des sols est d’attendre et de laisser faire la nature. Difficile également de faire comprendre à un élu que l’herbe qualifiée de « mauvaise » a toute sa place dans l’écosystème urbain et que les pesticides doivent être bannis pour les éradiquer.

Parc Matisse à Lille (photo Gilles Clément) Le Parc Matisse et l’île Derborence à Lille, photo Gilles Clément

Gilles Clément a présenté le Jardin du Parc Matisse à Lille avec l’Ile Derborence. Plantée au milieu du Parc Matisse près d’Euralille, l’île Derborence est un petit morceau de nature, vierge de toute intervention humaine. Décrié au début par manque de compréhension, ce jardin isolé en hauteur s’est peu à peu développé librement tel un isolat.

« Dans une volonté affichée de rupture avec l’architecture environnante et le master-plan de Khoolas, l’équipe de paysagistes propose un projet dont l’idée maîtresse est une île.  « Je cherchais un prétexte pour m’écarter d’une architecture qui s’annonçait bavarde et disloquée, explique Gilles Clément. Une île ferait l’affaire ; quoi de plus condensé, de plus sujet à porter sens6 ?  »  Cette île est alors nommée l’île Derborence du nom d’une forêt suisse, relique primaire, car inatteignable, les parois rocheuses de ses bords ayant toujours empêché les hommes de s’y rendre. Dans le parc Matisse, l’île Derborence se présente comme un objet isolé. C’est une sorte de bastion clos, haut de sept mètres. Sur son sommet se dresse une forêt d’arbres, d’arbustes et de couvre-sols plantés en une seule intervention. La forêt s’étale sur toute la surface plane de l’île, soit 2500 m2. Elle est rendue inaccessible par des parois abruptes. » Source :Sonia Keravel
La participation du public au projet de paysage
publié dans Projets de paysage le 14/12/2008

IMG_0017 Friche industrielle le Puits Couriot à St Etienne, Photo F Arnal 2015

Il présente ensuite la notion de trame verte et bleue et son application par le collectif COLOCO à Montpellier ou à ST-Etienne. Il s’agit de cartographier  les espaces publics ou privés, entretenus ou abandonnées qui constituent un corridor, une continuité écologique. ST-Etienne et ses crassiers (terrils), ses friches industrielles constitue un bon exemple de ce que l’on peut faire en continuité des parcs et jardins classiques.

 

montpellier La trame verte et bleue à Montpellier par Coloco

Dans les voies ferrés abandonnées, les conquérantes pionnières ou invasives comme le Buddleia ou la Renouée du Japon peuvent dépolluer les sols. Gilles Clément n’est d’ailleurs pas persuadé du risque que représentent les plantes dites invasives. Il aime à placer dans ses jardins la contestée Grande Berce du Caucase.

Gilles Clément ST E 2015 arbres29 Lecce, Italie méridionale : Asphalte mon amour, photo Gilles Clément

Quelle voie choisir pour l’avenir du jardin ? la voie juste semble la plus raisonnable.

Gilles Clément ST E 2015 arbres32 Le jardin de ronces de Lecce, photo Gilles Clément

Le paysagiste a ensuite présenté un projet à Lecce en Pouille méridionale (Italie). Ici on enlève l’asphalte pour planter des arbres. A Borgo San Nicolas, une ancienne carrière, une friche armée de ronces envahissantes devient un jardin partagé pris en main par les population locales qui s’emparent des lieux et en maîtrisent l’évolution naturelle. Les ronces sont taillées, des cheminements sont aménagés, la friche devient jardin entretenu.

les fissures de timidité dans la frondaison des arbres. Photo Gille Clément les fissures de timidité dans la frondaison des arbres. Photo Gille Clément

L’une des préoccupations de Gilles Clément est actuellement de travailler sur le génie végétal sur les « fissures de timidité » qui caractérisent les frondaisons des arbres.

Parmi les mystères que le concepteur rêve d’élucider à Cargèse, celui de la « fissure de timidité » en dit long sur la communication entre les végétaux. Pourquoi deux arbres qui poussent côte à côte n’entremêlent-ils jamais leurs branches ? Se transmettent-ils les informations par vibration ou par les racines ? C’est à Cargèse que les scientifiques vont étudier ces phénomènes dans un jardin-paysage que gilles Clément aménage actuellement

Topiaire rigoureux dans le jardin des formes Topiaire rigoureux dans le jardin des formes à l’ENS de Lyon

« Le génie végétal, c’est ce que les plantes ont mis au point depuis des millions d’années. Il ne faut pas paniquer devant les plantes dites invasives. » Dans ce monde qui change, le jardinier a un rôle à jouer, en accroissant ses connaissances du milieu plutôt qu’en utilisant une technologie destructrice, selon le paysagiste-jardinier.

Pas question de breveter ce génie végétal…

 

Pour en savoir plus sur Gilles Clément

sur Ahah

un entretien sur mon blog

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Sur Pearltrees

 

 

 

Land art au lac du Salagou (2007)

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Le Lac du Salagou est implanté dans la région de Lodève en Languedoc Roussillon. Destiné à l’origine à l’irrigation, il s’est plutôt orienté vers une activité touristique.

 

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Les terrains sédimentaires et volcaniques offrent une variété de paysages qui tranchent avec les vues classiques et un peu monotones des calcaires et des Causses voisins.

 

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Ici les sédiments permiens (datant de l’ère primaire) prennent une teinte rouge, on les appelle les « ruffes ». La végétation y est clairsemée, les conditions météorologiques arides en été laissent une impression de far-west.

 

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La première fois que je découvre le site, nous sommes en Août 2007. L’alternance des couches blanches résistantes et des couches friables trace des talus irréguliers. Le site est vierge de toute intervention.

 

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Arrivé en VTT, je glisse sur les ruffes du Pioch Escourchat, vers le Mas Delon commune du Puech au Sud de Lodève.
(3° 19′ 25 » E, 43° 40′ 51″ » N).

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Il y a deux ans il n’y avait rien sur cette butte, j’ai rassemblé quelques pierres éparses et  construit un cairn au sommet de la colline  sur les ruffes .

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Le cairn avait fière allure, il s’inspirait des créations d’Andy Goldsworthy sans atteindre son niveau de perfection.

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Le contraste entre les dalles des grès plus résistantes et plus claires et les ruffes sous- jascentes me plaisait.

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Le cairn s’intégrait parfaitement à la croisée des vallées, au sommet de son monticule. Comme d’habitude il est confectionné de matériaux rassemblés sur place pour une construction discrète et éphémère.

 

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la sculpture minérale répond à la végétation.

 

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Le sommet de la colline à l’arrière plan est recouvert d’une couverture volcanque : les coulées basaltiques sont récentes (quaternaire).

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Le cairn coiffe la colline du puech.

 

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Les cyprès donnent un air de Toscane à ce paysage languedocien.

 

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il ne restait plus qu’à poser un logo ahanonyme.salagou-2007-290.1257187601.jpg

 

Seuls les habitués de ce blog comprennent.

Demain la suite de cette aventure avec un retour sur le site en 2009.

 


Les paysages de la vallée de Vals dans les Grisons (Suisse)

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Le paysage constitue notre cadre de vie et bien souvent reflète nos activités et influence notre humeur.

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Il traduit notre relation à la nature et à la vie.

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Entre le paysage et le jardin il n’y a qu’un pas,

les jardiniers sont des paysagistes et les jardiniers ne sont pas indifférents aux paysages qu’ils contemplent.

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Ils savent ce que travailler la terre veut dire et que rien n’est acquis car le paysage est essentiellement changeant pour le meilleur ou pour le pire quand nous jugeons qu’il se dégrade.

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Pour cette dernière escale dans la vallée de Vals, nous allons nous intéresser au versant faisant face aux thermes, ce versant que les baigneurs ont sous les yeux, ce versant qui est resté intact mais que l’innocent aurait tort de qualifié de naturel.

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Ce versant est en effet cultivé et soigné en permanence, non pas par des labours mais des prairies de fauche.

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Les agriculteurs font plusieurs récoltes de foin par an, souvent à la faux,  afin de remplir leur grange et passer l’hiver sous la neige.

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La forêt a été défrichée, les rochers ont été déplacés ou soigneusement contournés par les routes ou les constructions. Ici tout n’est qu’artefact la nature a été modelée par le travail humain.

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A Vals, le modèle classique adret ubac ne fonctionne pas, le versant photographié ici est le versant qui regarde vers l’ouest et qui reçoit le soleil du soir. L’axe de la vallée (le talweg) est orienté nors sud.

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Celui qui lui fait face reçoit le soleil du matin (ce qui est un vrai bonheur dans la piscine des thermes quand les rayons franchissent la crête de la montagne vers 8 h en  Août).

 

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Ici tout est défriché ou presque . La forêt ne couvre que 8% de la vallée .

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Seuls les versants les plus raides et les plus rocheux sont abandonnés à la forêt, seuls les points les plus élevés du finage sont laissés aux espaces sylvicoles.

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L’opposition se fait ici entre le haut et le bas. Le bas est habité en permanence et le haut est occupé ponctuellement en été. Le contraste est net entre le bas et ses chalets d’habitation et le haut et ses chalets d’alpage.

 

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A y regarder de plus près cependant l’économie de cette vallée s’est diversifiée, outre l’activité thermale signalée dans les notes précédentes, existent aussi une usine d’embouteillage de l’eau Walser, et des remontées mécaniques.

 

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Bien sûr nous sommes là aussi loin du modèle de station à la française comme les géographes français le qualifient, nous sommes bien dans le modèle germanique décrit par Rémy Knafou .

 

 

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Le paysage ne porte pas l’empreinte trop forte du tourisme.

 

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Mais cela ne signifie pas que cette activité est délaissée bien au contraire nous l’avons vu dans les dernières notes.

 

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Ici le tourisme d’hiver ou d’été , sportif ou thermal s’intègre à toute l’économie locale. La commune reste maître de ses décisions d’aménagement.

 

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Les montagnards sont restés maîtres de leur destinée et l’architecture ou le paysage dans son ensemble le leur rend bien témoignant ainsi des différentes époques et des différents usages de la montagne entre « tradition et modernité ».

 

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Signe de la modernité géographique, la commune possède son SIG (système d’information géographique) dans lequel nous pouvons découvrir le parcellaire trame foncière du paysage clé de l’explication des différences visuelles (telle propriété est fauchée telle autre ne l’est pas).

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Si vous aimez la géographie et chercher à comprendre comment fonctionnenet les territoires ou se transforment les paysages allez sur géofac   où vous trouverez des compléments plus précis sur ces paysages  de Vals.

Les thermes de Pierre (pierre de Vals) ou les thermes de Pierre (Peter Zumthor)…

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Nous avions commencé cette série de paysages de montagne par cette vue du toit des thermes de Vals.

L’alliance du béton, de la pierre et de l’herbe (parfois agrémentée de trèfle ) est une réussite, une totale maîtrise par Peter Zumthor l’architecte.

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Faisons un peu le tour de ce bâtiment enchassé dans la coline, de ses bains qui rythment le bâtiment de pierre comme des carrières creusées dans la montagne des Grisons.

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La pierre grise (quartzite) offre une unité de façade. Cette pierre de Vals (tout comme l’eau) sont exploitées depuis des siècles, on la trouve recouvrant les toits des chalets, constituant des murs ou des soutènements dans la campagne environnante.

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En 1960 5 bâtiments (270 chambres) sont construits par un promotteur allemand pour lancer le tourisme dans cette vallée perdue à l’Est de la Suisse.

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Cet ensemble hôtelier en faillite est rachetée par la commune en 1986 avec l’intention de construire un établissement thermal entre les cinq bâtiments existants là où jaillit la source.

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La commune choisit de travailler avec un architecte suisse (Peter Zumthor) qui n’a presque rien construit à l’époque et qui édifier ici un bâtiment majeur unanimement reconnu . L’inauguration date de 1996.

« Les thermes sont constituées de pierres plates stratifiées en couches. Les dalles ne sont pas pré-maçonnées, mais font partie intégrante, en tant que murs massifs, de l’ouvrage de soutènement. Les plaques ont été soigneusement découpées et numérotées selon les indications précises de Peter Zumthor, puis montées conformément aux plans. Ces plaques d’une extrême précision ont été fabriquées avec des normes de dimensions de l’ordre de 1/10 mm. En tout, 60 000 plaques ont été utilisées. Dans les thermes, le quartzite de Vals se décline sous toutes ses formes d’usinage : fendu, fraisé, scié, taillé, superposé, poli, brisé, tout ceci avec une précision absolue ».

Source : site officiel des thermes de Vals. 

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« Le bâtiment est en relation avec la topographie et la géologie et non pas avec l’aspect immédiat du site environnant. Le bain est né de la montagne comme la source. il faut considérer que ce bâtiment a toujours été là » dit Peter Zumthor dans le reportage de Richard Copans : « Les thermes de Pierre ».

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La large façade de gneiss est percée de grandes ouvertures vitrées ou non qui aérent la façade austère, rappelant l’architecture locale.

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Le dialogue entre la façade minérale et le versant végétal s’établit. La pente naturelle est restituée constituée d’herbe fauchée ou de forêts de conifères.

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« Montagne, Pierre, Eau : construire dans la pierre, construire en pierre, construire à l’intérieur de la montagne, construire au flanc de la montagne, être au coeur de la montagne. Comment traduire toutes les acceptions et toute la volupté de ces expressions en langage architectural ? C’est en essayant de répondre à ces questions que nous avons conçu cet édifice lequel, petit à petit, a pris forme sous nos yeux. » Peter Zumthor.

Le gabarit des ouvertures varie selon diverses déclinaisons répondant à des fonctions précises à l’intérieur du bâtiment (salles massage, salle de repos, salle de bains, piscine extèrieure…).

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Ce qui peut surprendre c’est l’absence de porte, faisons ensemble le tour de ce bâtiment. Du toit à la façade principale ci dessus vous ne voyez pas d’entrée.

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Les larges baies vitrées ou les petites fenêtres carrées ouvrent au baigneur (ou à la personne qui vient de se faire masser) une large vue sur la montagne opposée.

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IL fallait conserver la vue initiale des chambres existantes sur le versant opposé.

La solution adoptée a été d’enfoncer le bâtiment dans la pente, de le masquer le plus possible depuis les hôtels à l’entour ou depuis le versant en face. L’entrée discrète passe par l’hôtel principal. Un long couloir souterrain mène vers les bains et permet de se plonger dans cette ambiance obscure des différentes salles .

L’espace des thermes s’organise autour des deux grands bassins principaux, l’un extérieur visible ici et l’autre intérieur en position centrale (dominée par les petits carrés de verre bleu visibles au centre de la pelouse).

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Ici l’architecte et les populations locales assument les différentes architectures.

L’architecture vernaculaire et ses différents chalets de pierre ou de bois comme au premier planrépondent à l’architecture « moderne » et fonctionnelle des années 60 du complexe hôtelier avec ses toits papilon (comme à Courchevel) et enfin dialoguent avec l’architecture contemporaine de P. Zumthor.

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« L’hôtel des thermes de Vals est un complexe qui s’est développé progressivement. En trente ans d’existence, le complexe a déjà dû se transformer plusieurs fois et s’orienter vers de nouveaux objectifs. Et cela non sans laisser de traces.
Sous certains aspects, il paraît abîmé, sous d’autres, désuet.
Beaucoup d’hôtes les trouvent laid, lorsqu’ils les voient pour la première fois à l’entrée du village : ces bâtiments de la société Hotel und Thermalbad Vals ag actuelle, dont le style est tout sauf alpin. Des bâtiments en forme de tour avec des toits plats, des façades structurées par la répétition, le tout sans la moindre trace de bois ».

Peter Zumthor

Cela me rappelle les propos de la géographe Marie Wozniak qui dénonce la tendance actuelle des stations de sports d’hiver françaises qui modifient leur architecture et n’assument pas leur héritage moderne des années 60. A Courchevel, les toits paipllon et les façades minérales comparables à celle de vals sont aujourd’hui masquées par un « relookage » à la mode tyrolienne ou suisse. Sauf que les suisses ou les autrichiens (Voralberg) ont depuis longtemps assumé leur héritage et pratiquent une véritable architecture de montagne ancrée dans son temps.

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En revanche, Courchevel est bien le berceau d’une nouvelle façon d’habiter en montagne. Une architecture novatrice y est née, qui a influencé les concepteurs des stations à venir. Si Courchevel a servi de banc d’essai, les préoccupations qui ont présidé à sa conception n’ont pas été respectées par la suite. En effet, en 1983, la mairie de Saint Bon offre la possibilité aux propriétaires de surélever les édifices de la station par l’adjonction de toitures à deux pans. Elle exauce ainsi, quarante plus tard, le souhait  de maître de la Gontrie. La victoire du « style néo » sur la modernité est également celle de la facilité et du mercantilisme.
Fer de lance de l’innovation urbanistique, architecturale et technique dans l’immédiat après-guerre, Courchevel est aujourd’hui un témoin privilégié de la « disneylandisation » des Alpes et l’inscription de quelques bâtiments sur la liste supplémentaire des Monuments Historiques ne suffira pas à enrayer le phénomène.
Marie Wozniak
Marie Wozniak * dénonce la perte d’identité et la copie facile de l’architecture du pays d’Heidi sauf que je reviens de Heidiland et je peux vous affirmer que l’architecture des Grisons n’est pas cette architecture factice que l’on tente de reconstituer en France.

*WOZNIAK M., 2004 : « Bienvenue à Heïdiland : l’uniformisation de l’architecture de montagne », Actes du colloque « Identité et territoire », Laboratoire Architecture et Anthropologie, Ecole d’Architecture de la Villette

Du trèfle dans la pelouse.

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De nombreux jardiniers se lamentent à cause du trèfle dans leur pelouse. Ils vont même jusqu’à traiter avec du désherbant sélectif, horreur…

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D’autres s’étonnent qu’au petit matin des lampadaires aient poussé dans la nuit.

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Le contraste entre le devant et le derrière est saisissant et pourtant nous sommes sur le dessus.

Nous sommes en montagne mais où ???

Sur le dessus de quoi ?

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Il s »agit en effet d’un toit végétalisé, une dalle de béton cachant un édifice particulier dans une vallée reculée où les prairies sont entretenues et fauchées avec le plus grand soin.

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Le carré de luminaires est énigmatique, il éclaire 16 puits de lumière, 16 carreaux de verre bleu.

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Les capucines se joignent à ce jardin étonnant et inattendu en ce lieu.

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Mais où donc peut-on bien être ????

ahah…

Observer les arbres dans la nature et s’en inspirer pour le jardin

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Au Japon la conception d’un bel arbre diffère sensiblement de la nôtre .

 

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Les japonais ont compris qu’un bel arbre est un arbre qui a une certaine maturité, une dissymétrie une courbure. Il faut donc le faire vieillir artificiellement par la taille et la forme imposée.

 

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Niwaki est un terme japonais pour désigner un arbre ou un arbuste transformé par la main de l’homme.
Cet art ancestral est guidé par la recherche de l’asymétrie, de la simplicité, du détachement et de la sérénité.

 

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Nourri par ses observations de la nature et des paysages, le jardinier puise dans ses souvenirs, dans ses représentations de la nature pour guider sa main dans la taille, la sculpture du végétal.

 

 

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Les gorges de la Loire vers Saint-Victor sur Loire

 

Observez dans la nature la forme des arbres naturels (pas les forêts travaillées pour la sylviculture), exercez votre regard et gardez en mémoire les formes.

 

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Prenez un bois dans un terrain en pente avec des rochers, un sol maigre et du vent.

 

 

 

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Vous aurez sous les yeux des arbres qui ont une âme, des arbres qui sont tordus, des arbres dissymétriques, des arbres inclinés.

 

 

 

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Les Gorges de la Loire et le village de Chambles à l’arrière plan.

Tous ces arbres sont uniques et pourtant ils se ressemblent, leur port incliné nous séduit car il apporte un équilibre visuel.

 

 

 

 

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J’ai rencontré ces conditions dans les gorges de la Loire , à proximité de Saint Etienne.

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La Loire a creusé des gorges dans le granite, le sol est sableux et maigre. Les pins sylvestres, les chênes, les chataîgners ont une âme, une forme unique.

 

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Depuis que j’ai lu Niwaki, l’ouvrage de Jake Hobson (Editions du Rouergue 2007) je regarde pas les arbres de la même façon dans la nature et je cherche à m’en inspirer dans mon jardin.

 

 

 

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Je laisse de côté toute la philosophie Zen qui me dépasse et je me contente de révéler la forme. Je ne me réfère pas à la culture japonaise largement décrite ou vendue, je compose un mélange de cultures, un jardin planétaire dans lequel les influences de l’Orient croisent celles de l’occident.

 

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En visitant Versailles et le Trianon j’avais été séduit par la taille en nuage d’un conifère, sa forme s’harmonisait avec le style classique du XVIII° siècle

 

 

 

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« Il existe de nombreux types de taille japonaise, compacte et organique Karikomi, sous forme de gros buissons Kokarikomi ou de petits buissons Okarikomi (…). Le Niwaki permet de représenter collines et vallons de campagne, d’évoquer des nuages restés accrochés à la profondeur d’une forêt ou un arbre isolé à l’aplomb d’une falaise, ceci dans le jardin japonais où tous les éléments servent à reproduire l’ensemble d’un paysage naturel dans un petit espace, afin d’en sublimer la beauté ».

d’après « Frédérique DUMAS – 2006 »

 

Source : http://www.perelandra.asso.fr/taille.htm

 

PS : Allez sur le site d’Ossiane, elle nous présente en ce moment une série de paysages de la Loire vers Amboise, c’est le même fleuve et pourtant…

Coucher de soleil à Marandon 2

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C’est en hiver que l’on voit les plus beaux couchers de soleil à Marandon,

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pas besoin de se coucher tard, 17 h 00 semble être la bonne heure,

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pas besoin d’aller derrière la colline, le soleil se cache pile en face,

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pas besoin de sortir le logiciel célèbre de retouche d’image pour forcer la couleur,

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pas besoin d’être un génie de la photo,

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il suffit d’être là au bon moment avec le bon regard.

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Je ne suis pas le seul à profiter du spectacle , les corbeaux m’accompagnent.

Joyeux ahanniversaire à Marandon

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Ce blog a trois ans. (j’ai loupé le jour exact le 11 Décembre)…

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Sans ambition autre que le plaisir de partager et de découvrir de nouveaux horizons lointains ou plus proches derrière la fenêtre, il vous propose un regard différent sur le monde qui nous entoure ou tout simplement sur un modeste jardin

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Le paysage appartient à celui qui le regarde. Il est autant devant les yeux que derrière la tête comme l’affirme un vieux proverbe chinois.
Le paysage est essentiellement subjectif, il est l’objet d’une rencontre entre un sujet qui regarde et un objet : l’espace où il se déploie.
Le jardin est paysage, et à l’inverse le paysage est jardin pour celui qui sait le contempler et s’en inspirer.
Le paysage/ jardin même s’il est fait de nature est avant tout culturel, c’est un produit de la société, un artifice au milieu de ce monde sauvage. Il rassemble qui semble le meilleur aux yeux du jardinier qui y travaille et s’y arrête pour rêver
Ce blog à l’image du jardin qui l’inspire est naturel et sans artifice, la lutte contre les pesticides y rejoint la lutte contre la pub envahissante ces derniers temps (merci Ossiane ).

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Ce blog est un lieu de rencontres, il est rédigé tranquillement sans empressement. Le rythme des parutions s’est ralenti du fait d’activités professionnelles plus chargées et de l’ouverture d’autres espaces d’expression et de partage sur la toile.
Mais l’inspiration ne manque pas et les idées s’accumulent dans la photothèque en attente de parutions. Certaines photos, certains paysages méritent que l’on s’y arrête longuement que l’on explique rationnellement alors tout cela prend du temps. Ainsi, chers lecteurs il vous faut patienter et picorer au fil des pages, au rythme des parutions.

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Pour les nouveaux lecteurs je vous invite à découvrir ces quelques notes anniversaires :
En 2006
petit poème illustré

avec la collaboration d’amichel .

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En 2005

ici

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En 2004 l ‘an zéro…


Là 
( première note éponyme) :

Ce blog compte 463 articles et 2,263 commentaires, contenus dans 30 catégories. Plus de 625000 visiteurs sont passés par là (le compteur a été installé a posteriori) je ne sais plus quand. Les internautes viennent souvent par hasard (80 % (moteur de recherche) ou par fidélité 10% (pensez au flux RSS si vous êtes accros) ou parcopinage (liens depuis d’autres blogs, je les en remercie ici) .

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Merci à tous ceux qui laissent une trace, à mes amis qui visitent mais qui paradoxalement ne disent rien. Forcez vous un peu pour une fois à faire un bilan critique afin d’améliorer ce bel outil de partage et de passion.
Rendez vous l’an prochain pour un nouveau bilan et très bientôt pour de nouvelles découvertes,

ahah………….