Le juste jardin : le livre sur le Jardin de l’ENS/LSH de Lyon est paru.

 

Le juste jardin « faire le plus possible avec, le moins possible contre »

 

 

Parution : Lyon, Mai 2012. 239 pages

ÉDITIONS : ENS ÉDITIONS, 28 €

 

Paul ARNOULD (géographe), David GAUTHIER (responsable des affaires culturelles), Yves-François LE LAY (géographe), Michel SALMERON (jardinier en chef)

Préface Olivier FARON (Directeur)  introduction Gilles CLÉMENT (paysagiste)

Contributions  Émilie-Anne PEPY (historienne) Hervé PARMENTIER (cartographe) Patrick GILBERT (ingénieur CNRS,coordination)

 

David GAUTHIER (responsable des affaires culturelles), Michel SALMERON (jardinier en chef)

ont également contribué à cet ouvrage / François Arnal, Emmanuel Boutefeu, Elodie Caremoli, Anne Cauquelin, ,Beatrix von Conta, Julie Damaggio, Céline Dodelin, François  Wattelier , François Dow-Jager, Léa Eouzan…

 

 Le juste jardin : un cloître républicain ?

 

Le repos du jardinier

Dans le cas de Gilles Clément, son « jardin planétaire », son « jardin en mouvement », son « éloge des vagabondes », son plaidoyer pour le « tiers paysage » et ses options pour une écologie humaniste ont contribué à casser les stéréotypes, les façons étriquées et répétitives de penser les jardins. Il n’en reste pas moins que créer un jardin, puis le faire vivre, n’est pas une simple affaire d’architecte, de paysagiste, de technicien, de botaniste ou d’ingénieur.

C’est avant tout l’œuvre d’un artiste.

 

Le jardin de l'administration

Le jardin de l’École Normale Supérieure de Lyon se traverse quotidiennement pour aller des salles de cours, des laboratoires de recherche, des locaux de l’administration au restaurant, à la bibliothèque, au court de tennis, aux résidences des élèves. Il est le cœur d’un dispositif spatial conçu et pensé comme une sorte de cloître laïc par ses premiers concepteurs. (Postace)

Un cloître républicain : l’association est paradoxale dans un pays qui vit, depuis 1905, sous le régime de la séparation des Eglises et de l’État. Elle sonne presque comme une provocation dans un établissement conçu à l’origine pour former les « hussards noirs » de la République, corps d’élite chargée de porter les valeurs de la laïcité dans les campagnes. Il réconcilie cependant les valeurs spirituelles de méditation et de réflexion et les idéaux républicains de liberté, égalité et de fraternité.

 

les roses trémières ressemées spontanément et épargnées par le fauchage sélectif autour du boulingrin

Le juste jardin est le nom donné au jardin de l’École Normale Supérieure de Lyon, c’est un  jardin récent (2000) de 8 hectares, créé par Gilles Clément qui fait aujourd’hui figure de référence dans le jardin en mouvement et le jardin naturel.

 

« Il fut un temps où le jardin était catalogué soit la française soit à l’anglaise mais aujourd’hui ce temps est révolu Gilles Clément et quelques jardiniers pionniers sont passés par là. Après des essais fructueux dans La Vallée le jardin personnel de Gilles Clément le concept du jardin en mouvement fut mis en application dans le parc André Citroën de Paris mais un autre jardin,  un juste jardin peu connu du grand public fait aujourd’hui figure de référence, le jardin de l’École normale supérieure de Lyon ».

Paul Arnould.

  • Le Jardin et son jardinier :

 

Babeth et Michel entretenant le jardin et poussant la brouette.

Entretenu avec soin par Michel Salmeron et ses acolytes (Babeth Normand, François Dow Jager, Michel Secondi) le jardin atteint aujourd’hui sa maturité. Ce jardin a été voulu par Henri et Bruno Gaudin les architectes de l’École Normale Supérieure de Lyon qui ont souhaité que Gilles Clément et Guillaume Geoffroy Deschaume réalisent le projet paysager. Dans les années 80 Gilles Clément paysagiste l’école nationale supérieure du paysage de Versailles a trouvé dans le quartier de Gerland  un terrain pour approfondir et concrétiser trois de ses principaux concepts : le jardin en mouvement, le jardin naturel, le jardin planétaire ou encore un plaidoyer pour le « tiers paysage ». Aujourd’hui les normaliens fréquentent sont vraiment s’en rendre compte un jardin fabuleux qui fait figure de référence. Ici aucun pesticide n’est utilisé, tout est pensé pour protéger la biodiversité et accueillir la nature.

 

La vue en direction du Sud en Juillet 2012

À l’origine, le site d’implantation de l’école était une friche industrielle de 18 hectares dont le sol a été remanié et dépollué sur plusieurs mètres de profondeur. Des mètres cubes de terre propre ont été apportés pour aménager le jardin.

 

  • Histoire d’un jardin :

 

Vous avez dit "mauvaise herbe" ?

L’Ecole Normale Supérieure

Le 13 juillet 1880, Jules Ferry et Ferdinand Buisson créent l’Ecole Normale Supérieure d’institutrices et l’installent à Fontenay–aux-Roses en Octobre. Le toponyme scellait déjà le destin de cette école avec les fleurs. Son jardin y est « conçu comme un lieu d’agrément ,et un espace de formation et d’enseignement, car il n’est pas question d’élever en ces murs des bouquets de femmes oisives. Il s’agira en premier lieu d’y expliquer les rudiments de botanique ». (Yves-François LE Lay : géographe, p 40)

L’ouvrage évoque également le passé de l’Ecole normale de St Cloud et de son parc qui contrairement à celui de Fontenay était public.

Après la fusion des deux ENS et la mixité instaurée en 1981 ; l’école déménagera sur le quartier de Gerland à Lyon en 2000 rejoignant à proximité l’ENS scientifique et formant (sur deux campus) en Janvier 2010 : l’Ecole Normale Supérieure de Lyon.

Dans le jardin des formes
Dans le jardin des formes.

En septembre 2000 le directeur de l’école confie la gestion du parc en cours de réalisation à Michel Salmeron déjà jardinier à Fontenay. Il  y découvre un bourbier sillonné par des engins de chantier laissant de profondes ornières,  une vision d’apocalypse les flaques de boue, des arbres en jauge ou en conteneur constituent un chantier en devenir. Michel Salmeron apprend qu’un paysagiste célèbre et avant-gardiste était à l’origine de ce projet il avoue ne pas connaître Gilles Clément  à l’époque mais se promet de s’informer sur son style de se documenter sur ses réalisations afin de respecter son œuvre qui, vue du balcon du directeur de l’école le laisse perplexe. Pendant 18 mois l’entreprise paysagère chargée de la réalisation des travaux ne  laisse pas intervenir Michel Salmeron , il lui est interdit d’arroser, de tailler, il est obligé de constater les défauts de plantation, la mort de certains plants, essayant d’obtenir des informations concernant les travaux. Guillaume  Geoffroy Deschaume le collaborateur de Gilles Clément ainsi que Mélanie Drevet chef de projet expliquent à Michel Salmeron les grands principes du jardin en mouvement, les grandes lignes du projet en devenir.

 

Entre le jardin de l'administration (à gauche) et le jardin de la recherche ( à droite) en allant vers le restaurant.
  • Un jardin va prendre racine  sur une friche industrielle.

 

Sur les alluvions de Gerland, l’ancien quartier industriel un jardin va prendre racine accompagnant la décentralisation de l’École Normale Supérieure de Lettres et de Sciences Humaines dans un nouveau site. L’ancienne école était implantée à Fontenay aux Roses et possédait déjà un jardin, mais c’était un jardin classique du  XIX °siècle (« deux magnifiques serres, un grand jardin botanique, une allée de tilleuls bicentenaires et un jardin qui loin d’être froid, était illuminé au printemps par un gigantesque cerisier à fleurs  (Prunus serrula Franch) qui occupait le centre du parc »  Michel Salmeron, p 69),.

Gilles Clément a voulu réaliser un jardin pour le XXI° siècle (le jardin de l’anthropocène) un jardin pour une école. C’est un jardin qui vit au rythme des étudiants qui s’endort pendant les grandes vacances atteint son apogée en Mai juin et dont les parties correspondent aux différents usages de l’établissement.

 

Le long du boulingrin, un petit muret de béton : le trait du paysagiste sur un dessin de jardin.

 

  • Les grands éléments du projet :

Les grands éléments du projet sont simples : La densité et la hauteur des plantations ont été réglées avec minutie selon un gradient croissant du centre vers la périphérie. Dans la partie centrale un vaste sillon occupe le centre du site et sert d’armature au jardin il s’ agit ici d’un Boulingrin , un vaste espace planté en herbe bordé d’un petit muret de béton en arc de cercle. C’est la seule structure véritablement ouverte dans le jardin, une sorte de lumière dans le système bâti, un  sillon qui se rapporte à la figure du cloître vide essentiel autour duquel s’organise la vie. La gestion différenciée de ce vaste espace central est à lui seul un modèle du genre avec des espaces laissés en herbe, d’autres plantés en prairie fleurie, d’autres parcourus par des moutons. Un filet de volley-ball et quelques bancs ou tables abandonnés rappellent que nous ne sommes pas dans un jardin de contemplation mais dans un jardin d’école fréquenté par un public d’étudiants, d’enseignants ou de chercheurs.

 

Le chardon est préservé par le juste geste du jardinier dans un jardin en mouvement.

Le jardin des signes se décline en 3 temps ses jardins respectivement décrivent l’éventail des signes phénologiques (le jardin du temps), des signes morphologiques (le jardin des formes) et des signes relationnels (le jardin de la communication).

 

 

Le lys martagon dans le jardin de l'administration.

Avec le jardin du temps. Les floraisons massives de plantes bulbeuses (scilles ail) expriment ponctuellement le passage des saisons.

 

Topiaire rigoureux dans le jardin des formes

Le jardin des formes propose une réflexion sur la forme, la structure, le contraste des feuillages et l’extrême diversité des appareils végétatifs entre les feuilles crénelées sagittées, laciniées,  plumeuses, cylindriques ou linéaires le choix est vaste. Dans le jardin de la communication ce sont des floraisons colorées parfumées qui forment un système de communication entre le règne végétal et le règne animal. Ici l’entomofaune se trouve à son aise.

Le jardin de la recherche et ses Miscanthus Sinensis

À l’opposé de ces 3 jardins, un vaste ensemble de graminées compose le jardin de la recherche c’est là qu’on se perd dans les méandres des Miscanthus Sinensis. Comme un chercheur le visiteur peut s’y perdre et se retrouver dans une impasse, obligé de rebrousser chemin.

Dans le jardin des formes

Gilles Clément déclare : « à quoi bon établir la géographie d’un lieu où ce qui compte n’est pas la position des objets, leur distance, leur fonction individuelle, mais la possibilité de les relier à tout moment dans un ordre imprévisible pour une cause inconnue. »

 

La suite bientôt sur ahah…

(photographies prises en Juillet 2012)

Prévenir les maladies des plantes

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Les articles d’Alain Lompech sont toujours instructifs, alors en attendant le blanc, lisez celui ci.

Prévenir les maladies des plantes
LE MONDE | 27.04.06

© Le Monde.fr

Dscn4734Queens of Bourbons à Marandon (en Juin) un rosier ancien remontant et peu sensible aux maladies.